Petits et gros problèmes familiaux, la thérapie familiale systémique peut vous aider

Interview d’Isabelle Rannou, thérapeute familiale à l’hôpital de Melun issue du site mafamillezen.com (http://www.mafamillezen.com/05education/petits-et-gros-problemes-familiaux-la-therapie-familiale-systemique-peut-vous-aider)

Problèmes de couple, échec scolaire, agressivité, jalousie entre frères et sœur, drogue, alcoolisme, conduites à risques, violences conjugales… parfois, la solution aux problèmes de famille c’est… la famille !

Une famille c’est fragile, un grain de sable peut venir en faire sauter l’équilibre. La thérapie familiale systémique part du principe que la famille est un système, d’où son nom, dont tous les membres sont interdépendants. Ce système n’est pas figé, il bouge au gré des événements extérieurs et intérieurs à la vie de la famille (naissances, adolescence, divorces, déménagements, maladies, décès…).

Cette thérapie diffère des thérapies familiales analytiques qui explorent davantage l’histoire transgénérationnelle pour « reconstruire » le passé refoulé. En thérapie systémique, c’est dans les relations entre les membres de la famille que l’on va chercher un sens et des solutions aux problèmes rencontrés.

Un membre est malade, toute la famille est concernée

Lorsque les familles rencontrent le thérapeute, elles arrivent avec le parent désigné comme « souffrant » d’un problème : agressivité, drogue, tentatives de suicides … ou comme allant mal à la suite d’un viol, d’un cambriolage, d’une agression.

Plutôt que de le considérer comme le responsable des problèmes, on va plutôt l’écouter comme le « haut-parleur » de la famille, celui qui exprime une souffrance qui concerne tout le monde. Et c’est sa famille qui va l’aider à aller mieux. C’est dans les ressources de cette famille, dans son histoire et ses forces propres que le thérapeute part en exploration.

La prise de conscience collective de ces éléments va permettre à la famille de trouver une nouvelle voie pour vivre ensemble, aussi harmonieusement que possible.

Comment ça marche ?

Le thérapeute n’est pas un pourvoyeur de recette ni un donneur de leçon culpabilisant. Il vient comprendre comment  fonctionne la famille. Tout n’a pas toujours été de travers dans cette famille. C’est en s’appuyant sur ce qui marche et sur ce qui va bien qu’elle va trouver de quoi mettre en œuvre son amélioration.

Un aperçu de séance

Le jeune Thomas** vient avec ses parents qui trouvent qu’il est très renfermé, qu’ils ne se parlent plus sauf pour se disputer. Ils sont inquiets pour lui.

– Thomas : « En vacances tout va bien, mais pendant l’année tout le monde s’engueule ». Le thérapeute demande ce qui est différent en vacances. « Il n’y a pas la télé, on discute, c’est la seule fois où on peut discuter. Pendant l’année ils regardent la télé tout le temps et je ne veux pas les déranger ».

– Les parents, « Nous ne te parlons pas car tu es toujours enfermé dans ta chambre, on pensait que tu voulais être tranquille, que tu ne voulais pas parler avec nous ».

– Le thérapeute à l’adolescent, « De quoi as-tu envie de parler à tes parents par exemple ?». Et la séance se poursuit.

Des séances toujours uniques

Le thérapeute dispose de différents outils pour  travailler avec les familles. En effet, les séances ne se déroulent pas exclusivement sous forme de questions réponses.

Le « génogramme » ou arbre généalogique que le thérapeute fait avec la famille sur un paper board, permet à chaque membre de découvrir sa place dans l’histoire familiale.

Il peut aussi proposer à chacun de dessiner la famille ou de placer les membres de la famille dans la pièce pour décrire un bon moment ou un mauvais moment passé ensemble. Ou encore, « la photo de famille », où chacun se dispose comme si l’on devait prendre une photo avec la consigne de montrer ainsi comment chacun se situe, à son avis, par rapport aux autres. Puis ensuite chacun donne son ressenti et imagine comment ça pourrait être plus mieux.

C’est un travail de longue haleine, qui s’appuie sur les forces de la famille pour lui permettre d’induire du changement lorsque la situation semblait bloquée et provoquait de la souffrance. Mais il n’y a pas de recette : avec le thérapeute, la famille avance à la recherche de son propre chemin. C’est toujours la famille qui finit trouver la solution qui lui convient le mieux.

Tous les exemples de mises en situation qui précèdent ne sont pas utilisés en même temps au cours d’une séance. Certaines se passent uniquement avec des échanges entre les différents membres.

Un malaise avec le thérapeute, on en parle

Si cela arrive, pas question de se taire. Le thérapeute est là pour entendre la parole de la famille. Ne pas hésiter à dire ce que l’on ressent et d’en discuter. Tout comme l’envie d’arrêter la thérapie. C’est souvent à ce moment là qu’il se passe quelque chose de primordial. Donc on ne part pas en courant, on en parle et on prend sa décision tranquillement.

Thérapie familiale systémique mode d’emploi

Le rythme des séances.
Il est en général d’une fois par mois.
Dans l’idéal, toute la famille doit être présente. Mais on peut très bien travailler avec la famille recomposée ou la famille d’origine et même, selon les problèmes, demander de l’aide à une tante, un oncle. A noter, les bébés participent aux séances : ils font partie de la famille.

A partir de quel âge envisager une thérapie ?
Il n’y a pas d’âge requis, puisque le patient est l’ensemble de la famille… C’est en revanche en fonction du type de problème rencontré, lorsqu’il semble que celui-ci concerne toute la famille, ou lorsque la famille est à un moment-clé de son évolution (départ des enfants du foyer, recomposition familiale, maladie d’un  des membres…) que la thérapie familiale pourra être proposée.

Qui prescrit les séances ?
Ce peut être le généraliste, un médecin hospitalier, le psychologue scolaire, …

Le coût.
De plus en plus d’hôpitaux et de centres médico-psychologiques municipaux proposent une consultation de thérapie familiale gratuite ou avec une très faible participation si les revenus de la famille sont suffisants. En ville le coût d’une séance commence à 100 €.

Où se renseigner ?
APRTF (Association parisienne de recherche et de travail avec les familles), 8, rue Edouard-Lockroy, 75011 Paris. T. : 01.49.29.09.57.
Centre Monceau, 91, rue Saint-Lazare, 75009 Paris. T. : 01.53.20.11.50. www.centre-monceau.fr
CECCOFF (Centre d’étude clinique et de communication familiale), 96, av. de la République, 75011 Paris. T. : 01.48.05.84.33. www.ceccof.com

*Isabelle Rannou est formée la APRTF, Association parisienne de recherche et de travail sur les familles. Elle est  aussi psychanalyste. Vous pouvez la joindre au 01 60 20 85 70.
** Le prénom a été changé

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