La thérapie de couple

« On n’arrive plus à se parler », « On n’est jamais d’accord », « Nos échanges sont de plus en plus violents »… En quelques phrases, Stéphanie et Julien résument leur problème. « Une situation de souffrance que connaissent beaucoup de couples au bout de dix ans de mariage, explique le psychanalyste et sexothérapeute Alain Héril. Mais lorsqu’un couple vient me consulter, c’est déjà bon signe, car cela signifie qu’ils ont décidé de faire une démarche ensemble, donc que le travail est déjà engagé. Ce qui ne va pas les empêcher de se reprocher mutuellement cette souffrance et de se déclarer chacun victime de cette perte de communication !

Bien souvent, une première consultation est ponctuée d’une litanie de plaintes, de lamentations et de ressentiments plus ou moins clairement exprimés. L’échange avec Stéphanie et Julien a été assez vif, et j’ai été obligé de leur rappeler que je n’étais pas là pour les juger et décider qui avait raison ou tort, mais pour les accompagner dans leur démarche. »

La méthode

Comment ? Tout dépend de l’orientation du thérapeute, car son approche peut être systémique (le couple est replacé dans le « système » familial), analytique (on analyse les compor tements passés), comportementale (on travaille sur les comportements de chaque partenaire et le fonctionnement du couple dans la vie quotidienne) ou sexothérapeutique (on travaille sur la sexualité des partenaires). « Souvent, les couples consultent parce qu’ils sont parents d’un enfant jeune, comme Stéphanie et Julien, dont le fils a 7 ans. Lorsque la difficulté de communication met le rôle du parent – donc l’enfant – en danger, l’approche systémique est beaucoup plus adaptée », assure Alain Héril. Sa particularité : elle ne considère pas un symptôme, ici la perte de communication, comme un dysfonctionnement indépendant, mais comme une situation résultant d’un contexte global qui inclut le comportement des parents, ou même des grands-parents, ainsi que du couple.

« Au fil des séances, nous avons travaillé sur ce “système”, notamment en essayant de repérer, chez leurs propres parents, les comportements que Stéphanie et Julien auraient pu reproduire. S’ils étaient venus me consulter pour un problème de discordance sexuelle, j’aurais naturellement orienté les séances vers une approche sexothérapeutique. C’est un aspect que nous avons abordé, car il arrive que, dans un couple, le désir soit le moteur de la communication. La perte du désir peut donc entraîner la perte de communication, ou l’inverse. »

Des approches différentes

Tous les thérapeutes n’ont pas cette approche intégrative. En revanche, l’approche comportementale est commune à toutes les pratiques. « Beaucoup de couples nous demandent des “trucs pour aller mieux”, poursuit Alain Héril. C’est pourquoi les praticiens assument aussi une fonction de conseiller conjugal et proposent des exercices à faire à la maison, comme écrire une lettre à l’autre, se lancer dans des activités inhabituelles en vue de casser la routine et de se redécouvrir ensemble, les inviter à répéter les mots que l’autre prononce pendant les disputes pour apprendre à mieux comprendre son raisonnement… En raison de ce travail personnel, le rythme des séances n’est pas le même que dans une thérapie individuelle : elles sont généralement espacées de trois semaines ou d’un mois, pour que le couple puisse mettre en actes ce qui a été travaillé au cours des entretiens. »

Si, au terme de quelques mois, ce travail, fondé sur un objectif commun, a permis à Stéphanie et Julien de renouveler leur contrat de vie à deux, ce n’est pas toujours le cas. Il arrive qu’il débouche sur une séparation. « Cela ne veut pourtant pas dire que la thérapie a échoué, précise Alain Héril. Elle peut permettre un divorce sans déchirements et manifestations de haine, dans une sorte de sérénité qui sera plus supportable pour les enfants. »

L’historique

La thérapie de couple, dite aussi « thérapie conjugale », trouve ses bases à la fois dans la thérapie familiale systémique et dans la sexothérapie, toutes deux formalisées à la fin des années 1950. C’est en Californie, au Mental Research Institute, plus connu sous le nom de l’École de Palo Alto, qu’une équipe de chercheurs, parmi lesquels figuraient Virginia Satir et Paul Watzlawick, reprennent les travaux de Gregory Bateson et développent l’approche thérapeutique « systémique ». Parallèlement, le gynécologue américain William Masters et la psychologue Virginia Johnson créent la sexothérapie, après avoir étudié en laboratoire des centaines de couples. La thérapie de couple – à ne pas confondre avec la médiation conjugale – peut être systémique, psychanalytique, cognitivo-comportementale ou d’orientation sexothérapeutique.

Article écrit par Alain Héril dans psychologie magasine

http://www.psychologies.com/Therapies/Toutes-les-therapies/Therapies-de-couple/Articles-et-Dossiers/La-therapie-de-couple#2

 

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